Elle masse, elle exerce la médiumnité, elle écrit, elle publie, elle aide… Christine Savoy, c’est beaucoup « d’elles » pour une femme unique, surprenante dans ses (r)évolutions. Elle se montre active dans les associations « Coup de pouce pour un Coup de cœur », « Femmes Libres », ou l’espace OpaLune à Grimisuat. Au printemps 2019, elle a publié trois contes spirituels et philosophiques pour les enfants.
Sur l’avant-bras droit de Christine Savoy un tatouage se délie comme une fine liane. En toute liberté. C’est le juste mot. Liberté. « À une semaine de mes 30 ans, je me suis dit que, dès lors, il n’y aurait plus de limites, affirme-t-elle, les yeux droits dans les vôtres. Je suis composée de mille facettes et j’assumais ce qui faisait fondamentalement partie de moi. »
Christine Savoy réalise, lors d’une conférence au cœur de l’espace OpaLune à Grimisuat, son « coming out » en médiumnité.
Elle pose deux points pour ouvrir les guillemets qui disent un « Je » au très présent. Il relie ce temps avec un passé composé de force expériences.
« Je n’avais jamais osé parler de mon parcours avant. Là, devant une quarantaine de personnes, j’ai voulu mettre ça à jour. » Non pas que Christine ait la moindre once de honte. Elle se devait surtout la finalité de se relier avec elle-même.
« J’ignorais même jusqu’au mot de médium »
Longtemps, son don de médiumnité s’est révélé plutôt douloureux. « Dès l’âge de 7 ou 8 ans, je voyais des personnes décédées et ce n’était pas un cadeau du tout. Cela a pourri ma vie. J’étais terrorisée car ce que j’observais n’était pas des plus jolis. Ces personnes, que je ne connaissais pas venaient même dans mes rêves. Je n’arrivais pas à couper ces liens, j’ignorais même jusqu’au mot de médium… » Lorsqu’elle en parle à sa mère, celle-ci essaie de la rassurer sans mettre en doute sa raison mentale. « J’ai des parents fantastiques », dit plusieurs fois Christine.
Côtoyer sans cesse des défunts, cela occulte le sens d’une vie.
« À chaque Noël, j’entamais un combat avec la mort. S’il n’y avait pas eu de disparus autour de moi, j’estimais avoir gagné… » Christine en souffre dans ses fibres, sa chair et un corps qu’elle rejette : elle souffre d’anorexie. Sa force de révolte adolescente s’apaise, en partie, grâce à un professeur de maths. Elle le croise dans un couloir de l’école et lui lance, sans doute par la provocation de ses 17 ans : « Est-ce que l’on peut voir autre chose que ce l’on voit ? » L’enseignant s’arrête, pose son sac et incite Christine au calme. « Assieds-toi… Attends… »
Cet encouragement à un embryon de méditation la relie, après plusieurs tentatives, avec « Celui Qui Aide ». Un guide, un ange, une énergie qui la pousse à prendre un stylo, un papier, et écrire, écrire, écrire.
Chaque lundi ces dialogues remplissent des cahiers Clairefontaine format A5 que Christine possède toujours. « J’avais un milliard de pourquoi, je recevais des réponses apaisantes… » Cette correspondance se poursuit du collège, à l’Université. Christine sait manier les mots, elle possède une plume – en dehors de ses dialogues avec l’Ange – qui lui apporte des prix. Elle a remporté le Concours européen des écrivains à 12 ans et celui des Écrivains valaisans à 16.
« Il s’agissait nouvelles très sombres, c’était facile pour moi de les écrire. Après vient une question de choix, est-ce que vous voulez nourrir votre vie par la peur ou par l’amour ? »
Apprendre à fermer la porte
Jeune adulte, ses échanges avec celles et ceux qui partent du monde physique ne s’interrompent toujours pas. « Je me sentais très seule avec ça… » Elle accompagne néanmoins des deuils. Sa rencontre avec la médium Gladys Zurbriggen l’extirpe enfin de ces ornières boueuses. « Je devais avoir 20 ans et Gladys, après une consultation, m’a lancé : « Arrêtez de vous dire que ce n’est pas vrai et que vous êtes folle ! Venez juste une fois suivre un de mes cours ! » Je suis restée trois ans… » Là, elle apprend enfin à fermer la porte avec l’autre monde, à l’ouvrir uniquement quand elle le veut.
Christine tient en main la clé de sa première liberté, celle qui offre le champ de nouveaux possibles.
Elle entame une décennie où elle enseigne au Cycle, obtient un diplôme de masseuse, elle qui refusait son corps, elle apprivoise ceux des autres. « J’ai suivi des cours avec Marc Ivo Böhning, quelqu’un de formidable. Un jour, il m’a conduit à masser une femme qui souffrait d’un cancer en phase terminale. Son corps était décharné. Lorsque j’ai eu un tendon entre les mains, c’était une fusion avec elle. Cela a été une révélation, Quand vous touchez les cellules, vous touchez aussi les âmes des gens. »
Son parcours croise encore la route d’Arnaud Desjardin, homme qui a mélangé spiritualité laïque, psychologie et traditions orientales. « Je l’ai rencontré deux ans, puis une semaine avant sa mort en 2011. » L’indépendante Christine s’agace des salamalecs et des vénérations pratiquées par les disciples. Pourtant, lorsqu’elle regarde Arnaud Desjardin, elle fond en larmes. « J’ai vu l’infini dans vos yeux », lui confie-t-elle. « Il faudra vous habituer à cet infini… », lui répond-il. « Il ne me le disait pas sur un ton sentencieux mais sur un mode grand-père », se rappelle Christine.
En vibrations avec le présent
Le « tourisme spirituel », la « spiritualité de Bisounours autour du Pouvoir de l’Intention », cela horripile notre médium. Les croyances hors religions qui créent de nouveaux dogmes l’insupportent. Ces rites, ces « grigris » trahissent juste « une peur de vivre ».
« Il n’y a pas à se compliquer l’existence avec des flammes jumelles ou des âmes sœurs, de s’imposer des méditations. La seule dont je suis sûre, c’est que nous sommes aimés. Le reste, nous n’en savons pas grand-chose. Ce qui est essentiel, c’est d’être simplement en vibrations avec l’existence présente. Dans une cellule se trouve tout l’Univers, nous sommes l’Univers, c’est la seule chose vraie. Nous sommes le point de fusion entre la Terre et le Ciel, nous avons de la chance !!!!! »
Lorsqu’elle donne ses consultations de médiumnité, Christine se perçoit au milieu d’une couleur blanche autour de laquelle évoluent les autres teintes. « C’est une danse multicolore qui accompagne à chaque instant, elle vous entraîne dans la multitude… »
OpaLune, Coup de pouce, Femmes libres
Ces rythmes résonnent dans ses actions. Christine, voici quatre ans, initie « Coup de pouce pour un coup de cœur » avec Laetitia Wyer-Biffiger et Lamine Konté. Cette discrète association soutient les démuni.e.s, récolte des fonds et les distribue sans tapage aucun.
« Si l’on veut que la vie soit magique, soyons-le ! Il y a trop de personnes avares de miracles… »
Les bénéficiaires ne savent jamais qui les a aidés, seule une carte signée « Les habitants de ce beau pays » accompagne les dons. (1)
Début 2017, Christine s’allie à Fabienne Beney et à Samantha Bérod dans les énergies d’OpaLune, à Grimisuat. Cet « Espace dédié aux médecines alternatives » se penche également sur la « complémentarité entre le féminin et le masculin ».
Ateliers, stages, concerts, cercles conférences initient souvent une vingtaine d’activités dans le mois. « C’était de la folie d’entamer cette aventure ! Nous avons dû nous lancer dans le marketing, j’ai dû vraiment me mettre à l’informatique, la gestion. Cela nourrit le lumineux, le positif… » En tandem avec OpaLune fonctionne l’association « Femmes libres » qui, par des réseaux, aide à « pacifier les mémoires de souffrance (…) pour se redresser sur le chemin de nos vies. ». (2)
Après notre première rencontre – en novembre 2018 – Christine a décidé que 2019 ne serait plus dans la demi-mesure. Elle opte pour un temps dévoué à 100 % médium-guérisseuse. « C’est le titre pompeux de la chose », s’en amuse la désormais ex-enseignante.
Celle qui remplissait les cahiers de ses échanges avec cet Ange « sans nom, car il était une vibration », publie « 7 petits contes spirituels » (2012), « Couleurs de Terre » (2014), « L’Essentiel » (2016). Elle tente le financement participatif pour une collection de livres destinés aux enfants « La p’tite graine », illustrés par Marie-Prune Dalmaï et publiés par l’éditeur indépendant « Soleil Blanc ».
Ce financement participatif dépasse ses espérances et les trois premiers ouvrages se plantent dès mai 2019 sur les rayonnages de toutes les librairies romandes.
L’intrigue, qui laisse éclore philosophie et spiritualité entre ses pages, touche son public. « Le plus joli témoignage que j’ai reçu, me glisse Christine via Messenger, est venu d’un petit garçon. Un des contes est devenu son histoire de chevet car il lui faisait du bien. Il savait que c’était magique mais, qu’au fond de lui-même, il pensait que c’était vrai. »
En janvier 2021, un de ces textes reçoit même le soutien d’une musique et d’un narrateur dans le cadre de Crans-Montana Classics. Ce qui te donne la vidéo que voici, que voilàààà:
Aujourd’hui, Christine entre en phase avec une nouvelle interlocutrice qui a succédé à son Ange, une femme, Hanna. Une étape supplémentaire. Lors de notre rencontre, en novembre 2018 au sédunois bar-café Giorgio, le tatouage sur l’avant-bras se mouvait dans la chorégraphie des mains. Son auteur, un Argentin, a exécuté des pas de danse avant de l’immortaliser sur l’épiderme de Christine. Ce sont ces mouvements qui ont mis la médium en confiance pour lui dire : « Yes, you can do it ! »
Joël Cerutti
Photos: Màrio Abreu et autres tirées des pages FB de Christine
Au concret :
Coup de pouce pour un Coup de cœur Chemin de la Roua 46, 1965 Ormône courriel: poucepourcoeur@gmail Banque Raiffeisen Sion et Région CH36 8057 2000 0137 8244 3
OpaLune https://www.espaceopalune.ch/
Association Femmes Libres https://www.espaceopalune.ch/association-femmes-libres
Site personnel https://www.christinesavoy.com/
PS : Une première version de ce texte est parue en novembre 2018 sur le site www.alternative-tv.info qui est aujourd’hui « mouru » de sa belle mort. Elle retrouve une nouvelle vie – très légèrement remaniée – sur www.valaisurprenant.ch.