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Premier cimetière de Sion, Saint-François appartient au fort riche patrimoine de la ville. Y reposent des personnalités qui ont marqué l’histoire du Valais. Et d’autres qui disparaissent des mémoires et dont le souvenir existe par l’hommage que leur rend la verdure. Galerie de photos plus grande que Nature !

 

J’ai lu voici quelques jours du coin de l’œil ( et sur les réseaux sociaux ) que la végétation se montrait très vivante au vieux cimetière Saint-François de Sion. Je voulais, depuis quelques semaines, immortaliser la tombe de Maurice Luy. Le 13 juillet 2020, au matin, je me suis dit qu’il fallait arrêter de tourner autour du pot de chrysanthème. Sur place, un panneau proche des WC, met les points sur les deux i du mot « responsabilité ». L’entretien de sépultures de Saint-François appartient aux familles. Et quand les proches des personnes défuntes le deviennent aussi, les hommages reviennent à la Nature. Plantes, fleurs, arbustes, arbres dressent de nouvelles couronnes mortuaires. Leur croissance explose au-dessus des marbres. Ce déchaînement porte à sourire – sans ironie aucune – lorsque tu lis le règlement du cimetière de 1879.

« Les personnes qui voudront orner une tombe de fleurs, d’arbustes ou y placer un monument, devront soumettre leur projet au conseiller chargé de la surveillance et se conformer à ses prescriptions », cadre l’article 9 !

 

Et une balade sous forme de galerie (plus de 50 photos)…

Saint-François, le premier cimetière de Sion, date de mai 1852. Auparavant, l’usage voulait que l’on enterre autour de l’église. « Plus assez hygiénique », édicte le Conseil d’État en octobre 1849, encore secoué par les ravages d’une épidémie de choléra. Sion tergiverse avant de déterminer où placer « son » cimetière. Pour que cela ne coûte pas trop cher, la municipalité reconvertit les vergers du couvent des capucins dans une procédure d’achat-expropriation. Rebelote en 1881 puis 1897, Saint-François s’agrandit avec d’autres terrains mitoyens. Dès 1922, les lieux affichent quasi complet.

La situation est jugée « intenable », une commission zélée préconise de transférer Saint-François vers Platta. C’est ensoleillé, le terrain « graveleux » permet une meilleure circulation de l’air et une « oxydation rapide des corps ». Bouger Saint-François tient de l’hérésie et une votation populaire de 1923 lamine le projet (631 voix contre 121). Sion raque pour des mètres carrés supplémentaires, élimine certaines tombes et Saint-François « tient » jusqu’en 1987. Même si Platta ouvre dès 1976… 

Entre-temps, Saint-François accueille les dernières demeures des plus grandes familles sédunoises. Elles auront résisté à la sécheresse grâce à l’achat municipal de quatre arrosoirs « à disposition du public, cette dépense pas très élevée (…) rendrait de grands services à la population » (1948). Le cimetière repousse aussi une invasion particulière.

« En avril 1946, il est signalé « que le mur du cimetière est envahi de fourmis » qui pourraient « complètement [le dégrader] à brève échéance ». Les services techniques de la commune de Sion procèdent « le 8 mai à un traitement au Flux » tout en précisant que ces insectes ne mettaient « pas en danger la stabilité de cette construction », rapporte le Bulletin 86 édité en 2013 par Sedunum Nostrum et dédié à Saint-François.

Hermann Geiger, Raphaël Ritz ou Roger Bonvin (pilote, peintre et président de la Confédération) reposent en ces lieux. D’autres sépultures n’existent plus que par un numéro de concession qui aurait pu sauver les dépouilles d’un anonymat éternel. Mais un document de 1913 soupire : « Les registres qui devraient être d’une exactitude irréprochable donnent lieu que trop souvent à des surprises désagréables ».

Voici trente ans, il a fallu que je me balade dans la partie ancienne du Père-Lachaise, à Paris, pour approcher le charme des cimetières. J’ai retrouvé cette émotion en arpentant les travées de Saint-François. Par contre, chou blanc avec la tombe de Maurice Luy. Pour sur et certain que je vais y retourner, non mais !

Texte et photos: Joël Cerutti

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