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Gravure sur acier, gravée par R. Wallis d´après William Henri Bartlett. 1836.

Un « simple » document PDF de sept pages recense tous les Grands Baillis puis les présidents du Grand Conseil valaisan depuis 1388. Chaque nom est relié à une biographie et, souvent, à une « revue de presse ». Pour les curieux comme toi ou moi, c’est l’éclate historique totale et abyssale ! Exploration !

Le document a été mis en ligne très très très discrètement le 19 décembre 2019 sur la home page du Grand Conseil valaisan (https://parlement.vs.ch/common/idata/parlement/vos/files/Pr%C3%A9sident-e-s%20depuis%201388.pdf ).

Son apparence esthétique s’avère des plus austère. Il s’agit de la liste de nos chefs valaisans (Grands baillis depuis 1388 puis présidents du Grand Conseil dès 1840). Elle n’a l’air de rien dans sa sobriété – quasi la gueule de Calvin un jour de diète avec crampes d’estomac – mais elle est tout.

Un jeu jouissif

Cette liste cache un jeu jouissif et abyssal. Tu as devant tes yeux, condensés en sept pages PDF et des liens URL, plus de 600 ans d’Histoire valaisanne. Tu en as le squelette, tu peux t’amuser à y mettre de la chair. À l’infini et au-delà. Tu cliques sur les mots en rouge et cela allume un feu vert pour rouler sur une autoroute d’informations. J’illustre dans le surprenant.

Guichard de Rarogne, second Grand Bailli valaisan (1391), a droit à « une revue de presse » (qui te renvoie vers des articles numérisés). Tu apprends que le gars portait un heaume pas très sweet. Il s’agissait d’un vrai dictateur en armure qui « violait fréquemment les droits et les libertés du peuple et lui infligeait toute sorte de vexations ». Il poussa le bouchon si loin que ledit peuple ne fut plus très bon, il leva la Matze et rasa – vers 1417 – les châteaux de Rarogne, de Loèche et de Beauregard. La famille de Rarogne, la notoriété en ruines, quitta les terres valaisannes… Ce qui nous démontre que les pseudos hautes extractions savent fort bien être de basses crapules.

Premier président beau gosse et exilé

Le premier Grand Bailli issu de Sion – fonction jusqu’alors tenue par des dignitaires hauts-valaisans, encore hauts-valaisans et toujours hauts-valaisans – fut Johannes de Platea (1506 à 1508). Sa bio t’indique qu’il tira le couteau face à Mathieu (Schiner) et que le sieur épuisa trois femmes, dont la seconde issue de sa parenté au quatrième degré. Il demanda une dispense au Cardinal d’Ostie (sic !) pour convoler. Johannes se retrouva envoyé à Berne où il négocia les droits de pêche dans le Rhône. Maurice de Courten assura le dernier, entre 1837 et 1839, la charge de Grand Bailli. Une décennie plus tard, ce conservateur, se retrouva 3e président du Grand Conseil et défunta en début de séance. Le tout premier président du Grand Conseil (1840) répond au prénom peu courant de Joseph-Hyacinthe et au nom plus galopant de Barman. Élu à la proportionnelle, il décida de la transparence des séances du Grand Conseil – à l’époque on désignait ça sous le terme de « publicité » – et (pendant qu’il y était) accorda à la presse sa liberté. Cette forte personnalité – qui plus est décrite comme un beau mec tout modeste – quitta le Valais fissa vite fait mal fait en 1844 après le combat du Trient. Il exerça sur Paris des fonctions diplomatiques et revint sous notre soleil cantonal en 1870.

Femme à une voix !

D’un bref survol, tu remarques les durées aléatoires de la fonction. Président du Grand Conseil, cela dure parfois… 11 ans comme avec Josef-Anton Clemens (1857-1866). Dès 1881, elle est cadrée sur deux ans puis limitée à un an dès 1914.

Le Nouvelliste du 13 mai 1986.

Et je t’emballe la fin sur la première femme présidente du Grand Conseil : la PDC Monique Paccolat en 1986. L’affaire était entendue en mai 1984 où le PDC (81 députés) la place 2e vice-présidente par 80 voix sur 117 valables. Par contre, une semaine auparavant, la Députation démocrate-chrétienne du Bas-Valais lui accorde sa confiance à un maigre bulletin près. Monique passe devant le barbu Jean-Jacques Rey Bellet par 18 voix contre 17. J’ai passé juste deux petites heures à consulter cette mine d’or que sont ces 7 pages PDF. Les pépites viennent si aisément… Cela te dit de sortir à ton tour ton tamis.

Joël Cerutti

PS : ce travail de bénédictin numérique est signé de mon ami Daniel Petitjean, administrateur informatique au Service parlementaire. Je l’apprécie depuis 20 ans, je m’en voudrais de taire ses mérites.

Le document PDF: Président-e-s depuis 1388

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