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Le Skáli de Khatone, un nom qui promet une saga… qui se déroule sous ta douche ou dans ton bain ! À sa tête, une jeune entrepreneuse fan de culture celtique, de décroissance et d’animaux. Et comme elle a débranché sa télé, elle utilise ce temps pour créer des savons, des sels de bain ou des huiles.

 

Laisse-moi te présenter Marion au civil (sur la photo juste en haut). Il y a sept ans, cette jeune femme originaire de Bretagne, habite Paris et travaille dans le domaine du médical. Sur le fameux réseau bleu FB, elle lie connaissance avec un Valaisan, SON futur Valaisan, droguiste de formation. La sympathie devient passion, le couple se forme. Début 2014, le Valaisan loue une grande voiture, roule sur Paris, exfiltre Marion de France (avec « ses trois chats sous le bras »), huit heures aller, huit heures retour le même jour.

Depuis, Marion partage son temps entre ses patients et la fondation de sa petite entreprise Le Skáli de Khatone, société qui ne se la coule pas douce« Je produis environs 30 kilos de savon, deux fois par semaine selon le temps que j’ai, ce qui amène à peu près à 2 500 savons par mois », me calcule rapidement Marion. Pendant ce temps, ses deux grands gamins canins (deux chiens de berger, un noir et un blanc) jouent aux foufous et se calment en croquant des oreilles de cochon séchées.

Des graines dans les étiquettes

« Actuellement, je savonne sur mon temps libre. Une entreprise ne se monte pas en bossant deux heures par jour. Le Skáli de Khatone s’autofinance, il a demandé zéro crédit à la banque. » Marion peaufine le résultat final, taille les morceaux (ce qui laisse de charmants petits copeaux). Le papier des étiquettes contient encore des graines qui promettent des fleurs. « Il s’agissait d’une première en Valais. » Dans l’impeccable labo s’alignent sur les étagères des morceaux que tu aurais envie de manger, des savons qui portent des noms à sortir des salles de bains de Thor, Loki ou Ragnar.

« Oui, avec mon mari nous sommes très en phase avec les mythes païens, scandinaves et celtiques et en plus je suis Bretonne », souligne Marion.  Que voici cette fois dans un look très Lagertha sur les photos promotionnelles du Skàli.

Marion imagine pour ses produits des textures, des saveurs, des odeurs et les relie à des légendes. « Avec mon mari, comme nous n’avons plus la télé, ce sont des heures et des heures de gagnées. Nous discutons énormément entre nous, nous avons le temps de faire un feu de bois dans le jardin et de regarder les étoiles. » C’est ainsi que démarrent les embryons d’idées. Dont celle de se lancer dans le savon artisanal, avec des produits authentiques, le plus local possible. Il y a eu une première fois. À son souvenir, Marion se cache presque le visage entre les mains. « C’était un savon patchoulis orange. Il ne sentait pas très bon et c’était laborieux… » Cette esquisse, le Valaisan et la Bretonne l’ont destinée à leur seul usage !

Le froid qui conserve

Marion a poursuivi les tests, expérimenté, appris par la pratique pour s’éloigner de la théorie des manuels durant 1 an et demi. Elle a choisi une conception « à froid » ce qui colle avec le Nordique et permet surtout de ne pas perdre certaines propriétés condamnées avec la chaleur. OK, cela démarre toujours avec de l’huile et de la soude. Et ensuite rien de chimique, que du naturel. « Je n’hésite pas à mettre le prix pour certains ingrédients même si cela réduit ma marge. » Petit à petit, elle apprend à donner de la couleur, des marbrages…

« C’est rare qu’on y arrive du premier coup. Sauf une fois, avec un sel de bain. Il a été créé huit heures avant le marché d’Aigle, un packaging a été conçu dans l’urgence, et il a été vendu immédiatement. Cela a cartonné ! » Avant la vente, des cobayes (à savoir des amis… qui le sont restés !) ont expérimenté sur leurs épidermes les prototypes de Skáli. « Leurs retours nous ont persuadés que l’on avait un bijou entre les mains. » Les diamants savonneux glissent même sur les étagères des magasins Nature & Découvertes.

Rien qu’en Suisse… pour le moment

Le Skáli, pour le moment, s’apprécie chez nous et uniquement chez nous. La loi ne permet pas d’envoyer des savons en France et en Belgique d’où les demandes tombent pourtant fort nombreuses sur le site internet. Déjà dans notre Helvétie, le Skáli expédie parfois vingt ou trente colis dont certains – destinés aux magasins – pèsent dans les 25 kilos. « À un moment, la postière devait péter un câble lorsque j’arrivais, je voyais dans ses yeux qu’elle pensait « Encore elle ! » depuis, cela a changé. »

Mais dans quelques mois, les frontières européennes tomberont… moyennant de longs dossiers descriptifs et toxicologiques (« 60-70 pages ») et des deniers (« 1 000 francs par produit ».) « Tous les petits artisans ne pourront pas se le payer. » Avec son époux, Marion ne cible pas de devenir riche, juste de pouvoir gagner sa vie « dans la décroissance », avec jardin et animaux divers. Une constante, pas un savon ne sortira du labo sans avoir séché 4 à 6 semaines. « Que ce soit avec le graphiste, pour construire notre maison ou entre nous, on sait ce que l’on veut », synthétise Marion.

Joël Cerutti

Le site: https://skali.ch/

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