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Patrick avec Dexter (23 janvier 2017), train pris à la gare de Sion.

J’ai eu la joie de connaître Patrick Nordmann durant une dizaine d’années. Beaucoup moins que bien de ses complices mais sans doute assez pour approcher qui il était. J’avais envie de lui rendre un hommage à ma façon. Parce que…

 

Patrick aimait les petits ballons de rosé (ou de blanc) qui finissaient par de grandes tournées.

Patrick aimait s’installer à la ronde Table des Menteurs au Restaurant de La Poste à Froideville.

Patrick aimait beaucoup la soupe de poisson qui figurait sur la carte de cet établissement.

Patrick aimait le cuisinier de La Poste, Johny Léandre F., qui avait publié un petit livre (« Défouloir cynironique de mes pensées »), et sur qui il avait pondu un article dans PJ Investigations.

Patrick aimait taper à deux doigts sur le clavier de son ordinateur portable. Il aurait préféré une machine à écrire comme dans le temps, car l’informatique l’emmerdait et elle le lui rendait bien.

Patrick aimait piquer des colères subites envers ce qui n’allait pas. Surtout quand il s’agissait d’informatique.

Patrick aimait que son filleul Solal essaie de lui expliquer comment certaines applications fonctionnaient sur son iPhone. En vain.

Patrick aimait lire « Le Canard Enchaîné » de A à Z, de C à E, qu’il dégustait de la première à la dernière colonne.

Patrick aimait les faits divers ou les affaires criminelles, un réflexe de ses années de reporter.

Patrick aimait raconter le black-out de New York qu’il avait vécu en juillet 1977 sur place, en direct live.

Patrick aimait décrire la chaîne d’hôtels que gérait Dominique, son frère jumeau, au Sri Lanka. Il y avait séjourné une fois.

Patrick aimait mettre sous cadre les portraits de femmes qui avaient compté dans sa vie. Il y avait en premier sa mère. Il m’avait confié qu’elle avait été espionne durant la Seconde Guerre mondiale.

Patrick aimait être assez Vieille France dans sa politesse avec les dames.

Patrick aimait cultiver ses défauts, car il ne tenait pas rigueur à ceux des autres. Même envers les personnes qui lui avaient joué des tours pendables.

Patrick aimait ne pas aimer certains procureurs.

Patrick aimait ne pas lâcher certaines affaires.

Patrick aimait dire aux directeurs qui lui expliquaient comment faire son travail de le réaliser à sa place.

Patrick aimait se couper de la « civilisation » médiatique. Durant de longues années, il s’était occupé de Just, sa jument Appalloosa dans un ranch. Et c’était tout.

Patrick avait une vraie tenue de Lucky Luke à l’entrée de chez lui. Juste à côté d’une bibliothèque où ne figuraient que des livres de western.

Patrick aimait les polars, pas les trucs d’anticipation ou de fantastique trop irrationnels à son goût.

Patrick aimait la philosophie des Indiens et leur respect de la Nature.

Patrick aimait promener son chien Dexter, un Cavalier King Charles qui lui attirait la sympathie immédiate des personnes aux alentours. Parfois, Dexter fuguait et il retrouvait Patrick au Restaurant de La Poste.

Patrick aimait à parler avec Jean-François des livres que celui-ci voulait écrire (sans jamais aller jusqu’au bout de ses velléités rédactionnelles).

Patrick aimait le foie gras que préparait son ami Jeff qui avait failli entrer dans la Légion étrangère.

Patrick aimait côtoyer au quotidien son cercle de proches à Froideville, des personnes d’exception qui ont su le préserver.

Patrick aimait mettre en scène le rythme de l’humour.

Patrick n’aurait pas aimé que l’on chiale comme un chœur de pleureuses siciliennes quand le sien s’arrêterait.

J’aimais Patrick.

Joël Cerutti