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Depuis février 2019, Samantha Possetti et Alexandre Santos, 25 et 26 ans, parcourent le monde. De Montréal à New York, de Nantes à Bruxelles, ce couple s’intéresse aux solutions qu’apportent ces villes au bien-être des personnes âgées. Des réponses que nos jeunes Valaisans espèrent appliquer dans leur canton.

 

Samantha Possetti et Alexandre Santos se paient un tour du globe pour que certains problèmes ne tournent plus en rond. Ceux qui concernent l’avenir de nos rides. Parce que cela me/te guette. Et qu’il serait bien de mieux prévenir avant de subir l’indifférence administrative.

Samantha et Alexandre, voici quelques semaines, je les rencontre via Skype, à Bruxelles. Ils avaient pris contact via le père de Samantha, le sierrois Pascal. Le sujet me percutait, j’étais impatient, j’avais l’envie d’être un vecteur utile. Le courant humain a passé. Branche-toi sur eux, ça te concerne. Aujourd’hui. Maintenant. Pour cet « après » qui se pointe si vite. On entre dans le vif?

« Dès notre entrée dans la vie pratique, nous avons été confrontés à divers problèmes sans forcément avoir des réponses », me confient Samantha et Alexandre.

Au centre de leurs interrogations se trouvent la cause des personnes âgées et leur bien-être.

Samantha Possetti et Alexandre Santos affichent un diplôme, celui en travail social de la Haute École de Suisse Occidentale (HES). Plongé dès juin 2017 dans la vie active, le couple remarque des limites dans nos façons de procéder. Il observe des manques dans les délicates phases de transition entre une vie sociale et l’arrivée dans un EMS. Il constate que notre approche globale des seniors écarte les individualités. « Nous nous sentions bloqués, pas satisfaits, nous avons décidé d’aller voir ailleurs… », résument Samantha et Alexandre d’une même voix.

Approche indépendante

Avec méthode, le tandem élabore une structure d’enquête et met de l’argent de côté. « Nous travaillons tous les deux, nous ne sommes pas très dépensiers. » Cet autofinancement les rend aussi indépendant dans leur approche. « Nous pouvons aller dans la direction que nous souhaitons et mener les choses comme nous l’entendons. Au final, nous ne fuyions plus une situation qui ne nous satisfaisait pas. Nous nous sommes offerts du temps et des moyens afin de les utiliser au service des personnes âgées. », poursuivent Alexandre et Samantha.

Février 2019, notre duo plie bagage direction Montréal. « Notre premier projet était de rester uniquement là-bas car le Canada est considéré comme un Eldorado social », compare Samantha. « Puis, nous avons décidé de choisir plus de villes qui se rapprochaient de notre situation suisse. Nous avons écarté l’Afrique ou l’Asie et nous avons renoncé aux pays nordiques qui étaient trop compliqués dans la prise de contact. Nous voulions des systèmes dont nous pouvions ensuite nous inspirer au maximum pour qu’ils soient transposables chez nous… », rebondit Alexandre.

Après Montréal, le couple a sélectionné New York (mai), s’est retrouvé en France (juin), en Allemagne (juillet), à Bruxelles (août, mois de cette interview). Ensuite, il s’envolera pour Liverpool et Madrid ou s’achèvera leur étude.

La remise de la copie se profile vers début 2020.

« Créer un véritable référent social »

À ce stade de leurs travaux, Samantha et Alexandre sentent émerger des premières lignes de force.

« Au Canada, nous avons suivi le travail d’assistants sociaux qui favorisent une transition à l’hébergement. Ils accompagnent les personnes quand elles doivent quitter leur foyer ou l’hôpital pour une maison de retraite. Ils gèrent les pertes de repères, ils conseillent. Il faudrait créer en Valais, un véritable référent social dans ce domaine. Quelqu’un qui épaule les familles, indique les budgets et aussi à quelles prestations sociales elles ont droit. Bref, une personne qui soutient autant les personnes qui se retrouvent dans un EMS que leurs familles. C’est un passage qui est en général bâclé chez nous », commentent Alexandre et Samantha.

A New York, une ville où les communautés et le bénévolat se montrent à l’écoute des aînés.

La ville de New York offre, elle, des structures très ciblées. Elles s’adaptent à votre personnalité, à vos maladies, à vos tranches d’âge. « Vous n’êtes pas la même personne à 65, 70 ou 90 ans. New York en tient compte. Elle vous maintient à domicile quand cela est possible, assure la transition vers un établissement médicalisé. Il y a une vraie prise en charge spécifique. Cela est aussi possible par un fort côté communautaire et religieux. Ils utilisent aussi énormément les bénévoles. C’est grâce à eux que les institutions fonctionnent. »

« À côté des petites choses »

À Nantes, le couple s’est plus focalisé sur la façon dont est gérée la maladie d’Alzheimer. « Dans la formation des proches et l’accompagnement, chez nous, on passe à côté de plein de petites choses… » En Allemagne, notre duo a pu se reposer sur une organisation claire qui « facilite la collecte des infos ». « Nous expérimentons encore des processus alors qu’eux se placent à l’avant-garde. Ils construisent un environnement où la personne continue à se développer et reste en contact avec la ville. Les proches voisins de l’EMS peuvent venir y manger et il y a une certaine liberté dans les heures de repas. »

Bruxelles « surprend agréablement » Samantha et Alexandre avec ses immeubles complètement autogérés par des seniors.

A Liverpool, avant-dernière étape du voyage d’observations.

Le rapport rédigé par notre couple comporte trois grandes parties. Il répertorie les questions nées en Valais. Il dresse un inventaire des réponses collectées à l’étranger avant de proposer celles qui pourraient s’appliquer dans notre canton.

Samantha Possetti et Alexandre Santos entendent largement le faire circuler au sein des milieux concernés. Mais pas que ! « Nous allons concentrer l’essentiel sur un flyer afin qu’il tourne aussi dans nos propres réseaux. Il y va de l’intérêt général. Nous nous devons d’imaginer de nouvelles prises en charge. La vie ne s’arrête pas lorsqu’on entre dans une maison de retraite ! »

Lorsqu’il sera fini, ce rapport, je me dis qu’il trouverait une place sous format PDF dans cet article… Tu en penses quoi ?

Propos recueillis par Joël Cerutti

Une version légèrement différente de cet article est parue dans le numéro 72 de Trait d’Union, journal de la Fédération valaisanne des retraités. Je le reprends sur mon site avec l’accord de son président, Jean-Pierre Salamin.

Pour que circule la démarche de Samantha et Alexandre, fais-la connaître autour de toi. Partage!