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Des lignes sobres et épurée, où les ombres caressent la lumière. Une invitation au silence. Pyramide, Sol LeWitt, Collection Dragonfly

Valais Surprenant ouvre ses pages à plusieurs artistes pour une visite personnelle de Résonances, la nouvelle exposition présentée à la Fondation Opale. Claude Bernhard inaugure cette mini-série avec ses textes et ses photos.

 

La nouvelle exposition de la Fondation Opale dialogue. Entre les continents, les cultures, les sensibilités. Des fleurons de l’art contemporain répondent aux créateurs aborigènes. Dans ces sculptures, dans ces tableaux, des thématiques se sont reliées par le savoir et les collections. Lors de la visite proposée à la presse, j’ai décidé de confier à des artistes « locaux » plusieurs lectures de Résonances. Claude Bernhard inaugure cette mini-série tout simplement parce que tout ce qui est présenté à Lens ne pouvait que lui parler. Joël Cerutti

Un souffle entre les ombres et les lumières, le vide et la matière, le Ciel et la Terre, où l’infiniment grand dialogue avec l’infiniment petit, dans une évidence subtile.

EXPOSITION RÉSONANCES : LE SOUFFLE DE L’UNIVERS

Claude Bernhard.

Lorsque Joël Cerutti m’a proposé de prendre ma plume pour dépeindre l’émotion que j’ai ressentie en découvrant l’exposition Résonances à la Fondation Opale, je n’ai pas hésité une seule seconde.

En tant que photographe, je suis fascinée par les ombres et les lumières. Ma sensibilité se porte sur le jeu des matières, la richesse des textures, la diversité des volumes. Une photographie n’est autre qu’une empreinte de son regard sur le monde qui nous entoure.

S’il ne devait y avoir qu’un mot pour décrire l’émotion de cette exposition, ce serait : vibration. Un hymne à la vie, une respiration profonde et sincère, un chant à l’universalité. La musicalité du monde résonne avec les œuvres sur une même longueur d’onde. Une mélodie où Ciel et Terre se confondent en accords.

Un Univers qui nous plonge de l’atome aux confins des galaxies. Sans titre, Tara Donovan, Collection Dragonfly

UNITÉ

Dès les premiers pas dans l’exposition Résonances, c’est une plongée aux confins de l’Univers, une immersion totale, où les ocres sacrées des aborigènes côtoient les métaux, tels la fonte et le cuivre.

Un astre lumineux nous accueille avec sérénité dans cette voûte céleste étoilée aux milles ocres. Ganyo/Étoiles, Gulumbu Yunupingu. Prophecy, Gao Weigang, Collection Dragonfly

La communion des œuvres, entre art aborigène et art contemporain, dévoile la synchronicité qui résonne en écho dans le travail de recherche des artistes. Une authenticité qui unit… et réunit.

La Terre nous offre le terreau fertile pour cultiver nos aspirations les plus profondes, puisez notre inspiration, et nous soutenir dans notre cheminement, en toute humilité. Cette exposition nous offre un temps d’arrêt dans la frénésie de notre quotidien pour lui rendre hommage.

L’INFINI… UN UNIVERS DE FRACTALES

Parmi les œuvres dévoilées, une a retenu particulièrement mon attention. C’est l’œuvre de Tara Donovan. Comme une immersion dans l’univers des fractales. Un bourgeonnement de matières tel que dans la structure atomique des micas que j’ai pu contempler au microscope lors de mes études dans les Sciences de la Terre. Et pourtant, chaque sphère me transporte dans un nouveau monde, un vaste champ de galaxies. Une multitude d’univers parallèles, à la fois semblables et différents.

L’espace-temps se fragmente, se dissout. L’infiniment grand et infiniment petit au cœur d’une même matrice pluridimensionnelle.

Reflet des textures minérales, l’œuvre majestueuse de Tara Donovan, Collection Dragonfly

Dans cette œuvre, la lumière danse au moindre mouvement. Une ondulation des ombres comme un reflet aquatique. Les phénomènes de réflexion et de réfraction déforment la réalité dans les espaces concaves et convexes que referme la sculpture. La réalité se métamorphose, ondule, vibre tel un chant polyphonique. Illusion et impermanence. Un appel à l’humilité.

Distorsion de l’espace-temps et univers multiples. Fragments de l’œuvre de Tara Donovan

L’EMPREINTE DU TEMPS

La deuxième œuvre qui m’a bouleversé est celle de Thomás Saraceno. Une peinture sous le pinceau d’une toile d’araignée…

Une toile est un cheminement intérieur, où chaque trait est l’empreinte d’une intention, d’une métamorphose calligraphique qui s’écrit avec pudeur. L’œuvre n’est jamais achevée. Sans début ni fin, dans un vortex d’énergie. En perpétuel mouvement, la chrysalide de l’Univers recèle l’essence du Tout, du UN. L’Un et l’Infini se confondent. L’œuvre du monde dans son impermanence, sa résonance, son énergie.

Chaque trait est porteur d’énergie, un trait d’union entre deux points. À l’image des œuvres aborigènes, caractérisées souvent par une multitude de points ou de traits, c’est une résonance avec l’énergie qui circule entre chaque élément, telles les liaisons chimiques, invisibles, qui unissent les atomes pour former des molécules complexes.

L’Univers est une toile de fond sur laquelle s’inscrit l’empreinte du monde. Triptyque, Toile d’araignée et encre sur papier Archival, Thomás Saraceno, Collection Dragonfly

Mais cette œuvre de Thomás Saraceno c’est aussi une invitation au voyage, dans la profondeur et la densité d’une encre, une évasion. Telle une photographie Noir et Blanc des brins d’herbes qui tournoient sous le vent, c’est l’instant présent qui s’inscrit sous notre regard, où l’invisible peint le visible… sans pinceau.

SYMBOLES ELEMENTS-TERRE

Ma passion pour la céramique et les argiles noires, me conduit avec évidence vers les symboles éléments-Terre. Un retour à l’essentiel. Aux formes primaires, voire primordiales. Le cercle est l’unité, le tout, le UN. Le triangle représente le pont entre Ciel et Terre, tandis que le carré est le symbole de la Terre.

Une alchimie des symboles, tant exprimée en plan qu’en volume, formant une unité dans la géométrie de l’Univers.

Le triangle, le cercle et le carré, des formes qui unissent la Terre, le Ciel et l’Univers. Une géométrie élémentaire, berceau de l’espace qui nous entoure. From Nature to Nature, David Nash. Collection Dragonfly

FRÉQUENCES DE l’UNIVERS

La photographie saisit un fragment de l’espace-temps pour dévoiler la géométrie d’un son. Une fréquence qui s’accorde et résonne, de l’atome aux galaxies. Les cernes du bois impriment la temporalité dans la propagation lente de ses ondes, à l’image d’une goutte de pluie qui résonne à la surface de l’eau.

Fréquences de l’Univers avec deux œuvres qui résonnent ensemble. Propagazione, Giuseppe Penone, Collection Dragonfly. Wati Kutjarra, Murtikarlka Tjumpo Tjapanangka.

Ainsi ce sont autant de vibrations à voir, à écouter, à ressentir au plus vite à la Fondation Opale ! Un magnifique dialogue entre art aborigène et art contemporain, que nous offrent les sœurs Garance et Bérengère Primat à travers leurs collections d’exception. Un espace où les frontières se dissolvent dans un esprit d’ouverture, d’unicité, de résonance et de respect. Les œuvres se répondent dans une synchronicité surprenante. Un appel à l’éveil et la prise de conscience.

Dialogue entre les œuvres. Cave Hill de Angkaliya Curtis, Kwala at Tjiterurnga de Charlie Tararu Tjungurrayi et Ground d’Antony Gormley, Collection Dragonfly.

Alors n’attendez plus, foncez, savourez et immergez-vous au cœur de cette exposition… car c’est une opportunité extraordinaire, au cœur d’un Valais étonnant et surprenant !

Texte et photos de Claude Bernhard

L’exposition dure jusqu’au 4 avril 2021, elle est ouverte du mercredi au dimanche, de 10 à 18 heures. Fondation Opale, Route de Crans 1, 1978 Lens

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