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Le vendredi 5 juin 2020 s’est ouvert à Granges un café-bar culturel nommé le Kasse-Noisettes. Puis la Covid Machin a sévi. Aujourd’hui, fin mai 2021, sa patronne renoue avec les plaisirs. Progressivement. Au Kasse-Noisettes, le ballet entre animations, dégustations et concerts reprend son élan. Fabien, son tatoueur de mari, a aménagé, lui, le salon Netha Creation Tattoo juste au-dessus. C’est quand même juste un peu beaucoup de l’unique sous nos latitudes, tu ne trouves pas?

 

Je la croise, voici un an, le 2 juin 2020, à J-3. Gaëlle Abbet-Bianco sentait les flopettes des grenouilles du trac dans son ventre. Le vendredi 5 juin 2020, elle ouvrait Kasse-Noisettes, un café-bar culturel dans la Z.I. Mangold 5 de Granges. Comme à chaque veille d’inauguration, 23 789 ou 23 790 petits détails attendaient leurs résolutions. « Et à la base, ce n’est pas mon domaine ! », disait-elle avec la vaillance des culottées à qui le destin sourit immanquablement. « À la base », Gaëlle sort de l’animation socioculturelle, elle a potassé l’histoire de l’Art, passé un Master sur la muséologie. Là, elle allait assurer le service, jouer de la tireuse à bière, turbiner en face de la machine à café. Elle et son mari Fabien comptaient sur la compréhension de la future clientèle pour leurs premiers pas. Et puis la détermination, cela enlève les obstacles. Même lorsqu’un virus au chiffre pas net (19) t’en flanque en travers de ta route. Gaëlle, je la sollicite à nouveau le mardi 25 mai 2021. Pour prendre son pouls, sa température, savoir si elle n’avait pas perdu le goût de son Kasse-Noisettes, comme une agueusie de la restauration. « Lorsque j’ai dû fermer sur plusieurs semaines, j’en ai profité pour me reposer, me ressourcer dans la nature. J’avais peur de n’être plus motivée à cause des nombreux points d’interrogation que posait la Covid. La situation semblait sans fin, je craignais qu’à force d’inactivité je n’arrive plus à me remettre dans le bain!», me confie Gaëlle avec franchise. Elle s’est jetée à l’eau du  taf, posant une pergola (pas toute seule, hein!?) devant son café-bar culturel. Toujours cartes sur table, Gaëlle avoue s’en être tirée financièrement «parce que j’ai touché les aides, que le loyer n’est pas trop élevé et que le proprio a fait des gestes.» Grâce à la solidarité, le projet n’a pas déraillé. Ouf!

Combiner les passions

Depuis le temps qu’elle en parlait. « Cela doit faire dans les trois ans. Je voulais combiner mes passions pour la cuisine, le goût, les productions locales et la culture… », décrit Gaëlle. « C’est une épicurienne dans l’âme ! », confirme Fabien. Comme Bashung, elle a dû tellement rêver trop fort que ses proches n’en pouvaient plus. D’où le nom de Kasse-Noisettes pour ne pas évoquer d’autres bijoux de famille. « Dans la pâtisserie, j’adore aussi utiliser des noix ou des noisettes grillées », ajoute-t-elle. Bref, Kasse-Noisettes réunit sous un même toit « tous les mondes qui m’attirent ». Et cela a derechef aimanté du public, preuve que demande et attente il y avait!

La carte des bières a émergé des cuves valaisannes et la scène s’est ouverte aux artistes du cru (ou hors frontières). Gaëlle a imaginé des mardis et mercredis consacrés au théâtre, à l’impro, au stand-up. Les jeudis se sont rythmés grâce aux apéros en musique, les week-ends se dédient aux concerts. Niveau du vécu de l’estomac, un food-truck s’est garé le vendredi devant Kasse-Noisettes. « C’est un lieu ouvert. J’ai trouvé génial de déjà pouvoir réaliser tout ça avec des retours positifs. Il y avait des bonnes fréquentations et, parfois, lorsque je n’étais pas submergée, il se nouait des contacts sympas et agréables. Avec le recul, je pense m’organiser autrement et ne pas assurer le bar durant les événements », résume Gaëlle qui a encore en tête des expositions, des conférences. Des bibliothèques dispersées dans une décoration industrielle adoreraient accueillir plus de bouquins (ou, pourquoi pas, une boîte à livres?). L’avenir a des horizons de collaborations, d’énergies participatives.

Trouver Kasse-Noisettes ne demande pas trop d’entrechats routiers. Que tu partes de Sion et de Sierre, en 10 minutes, tu repères le panneau blanc « Z.I. Mangold ». Tu tournes, tu passes sous un pont, c’est là. Dans la Halle Faktories où turbinent déjà d’autres enseignes. Le coin favorise la moto Indian et ce qui gravite autour. Une autre société y signe des billards. Dans la surface de Kasse-Noisettes même, Road Sweet Road Records vend des vinyles, programme les afterworks en musique et des concerts.

Univers Tattoo

Surtout, Fabien a investi l’étage supérieur avec Netha Creation Tattoo. Aux côtés de deux autres artistes (Marie et David), il t’enjolive l’épiderme. Son talent explose la baraque et son agenda était jadis booké sur un an et demi. « Mais c’est fini ! J’ouvre les rendez-vous sur trois ou quatre mois et quand c’est plein, je ferme les réservations. » Fabien ne pouvait qu’encourager Gaëlle à se lancer. « Quand je me lève le matin, c’est pour faire ce que j’aime ! » Fabien a aussi lancé des événements autour du tattoo : des tatoueurs invités de l’étranger, des captations en direct. Le monde attire le monde, la clientèle devient interactive. « C’est un chouette mélange ! Je voulais que nous collaborions avec Gaëlle », assure Fabien, très investi en heures dans sa passion. Je les soupçonne d’être à quelques marches d’escalier l’un de l’autre pour se voir plus souvent ? Ils se marrent franchement, fort contents d’être démasqués !

Joël Cerutti

Sites :

https://www.kasse-noisettes.com/

https://www.netha-creation.com/

 

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