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La banque WIR a choisi Carole Michelet comme une de ses ambassadrices publicitaires. Patronne du Bourgeois (celui de Riddes) à 28 ans, elle baigne dans le monde de la restauration depuis 14 ans. Ses rares instants libres, elle les consacre à garder les goals du FC Chamoson. Encore ? Faut que tu t’attelles à ce qu’il y a plus bas : un article.

 

Dans notre canton, il existe quelque chose de plus rare, en 2019, qu’une route sans travaux : Carole Michelet. Carole Michelet, une Valaisanne qui aime le service dans la restauration ! Carole Michelet qui me le glisse aux aurores matinales de ce mercredi, l’esprit embrumé et les neurones qui pataugent encore dans la sauce du sommeil.

« J’adore le stress, le coup de feu au service ! » Elle me le répétera x fois durant notre rencontre.

Et moi j’ai commencé à regarder Carole comme E.T. qui materait Alien qui observerait Predator en train de lui faucher sa soucoupe volante. Elle a beau boire son café comme une humanoïde normale, en tenant la tasse par la hanse, c’est une entité bizarre d’une autre planète, Carole. (Ouaip, j’en fais un peu des tonnes mais ça pèse lourd, un OVNI !)

Sentie valorisée

Je t’ai scotché au bar – en l’occurrence celui du Restaurant le Bourgeois, à Riddes, l’établissement dont elle est la cheffe, la patronne, la boss ? Bien. Carole Michelet a « encore 28 ans » et depuis l’âge de 14 ans, elle a pris les commandes, débarrassé les tables. Illico ça a matché. « Lorsque j’étais au cycle, si je voulais me payer des trucs, papa et maman m’ont bien expliqué que je devais travailler. C’est comme ça que je me suis retrouvée au Grotto de la Fontaine, à Sion. D’emblée, cela m’a plu, je me suis sentie valorisée et il faut croire que les clients m’appréciaient… »

Elle traverse son adolescence entre le collège la semaine et les extras du week-end, plateau en main. Carole ne tergiverse pas trop au sortir des études, elle embraiera avec une École Supérieure d’Hôtellerie. « Juste avant, j’ai pris une année sabbatique, six mois pour l’anglais, six mois pour l’allemand. » En Angleterre, entre les cours, elle tartine des sandwiches dans un Subway et, en insistant, retrousse ses manches dans un hôtel à divers postes (« Belle expérience ! »). La langue germanique sera plus de proximité, sur les hauteurs de Zermatt, avec l’adrénaline de la restauration au pied du Cervin. (« Cela ne désemplissait pas ! »).

Puis Carole vise Lausanne, son École, dont elle ne passe pas la sélection (tant pis pour eux) et entre dans la fraîche École Hôtelière de Vatel à Martigny (tant mieux pour nous !).

« Je ne suis pas un requin »

Car comme elle autofinance ses études, elle apporte ses compétences à la Brasserie du Grand Pont à Sion. Via Vatel et ses stages pratiques, Carole devient responsable d’un restaurant à Corfou (Grèce) puis aide des chômeurs à Lausanne (Pays de Vaud) par le biais de la société Préférences. « Je faisais du coaching pour des cadres au chômage, je mettais en avant leurs points forts et les rendais conscients de leurs points faibles. » Carole y trouve emploi et démarche des clients pour vendre les services de la firme. « Ce n’était pas mon truc, je n’aime pas déranger les gens, je ne suis pas un requin, je n’ai pas la nageoire assez aiguisée, et puis… » Tu anticipes la suite ? « Le service, le coup de feu me manquaient… » Là, tu peux comme moi, faire ton second regard E.T. (relire plus haut). À l’Astra et à la Brasserie La Coupole 1912 de Vevey renoue avec ses sensations oubliées.

 La vie de Carole s’apparente un peu à un Rhône déchaîné (le contraire d’un long fleuve tranquille).

Dans le train, elle se voit proposer un job qui allie RH et hôtellerie, à Caux (hauteurs de Montreux). Elle gère un restaurant et forme des étudiant.e.s particulièrement d’origines asiatiques. Elle perçoit les limites financières de l’entreprise et quitte l’établissement avant qu’il ne ferme. Ce qui nous l’amène au Bourgeois de Riddes grâce aux vertus du réseau valaisan (bouche-à-oreille, copain d’adolescence, synchronicité).

Deux à trois semaines pour se décider

Photo pour annoncer le 31 décembre 2018 sur FB…

La voilà gérante d’un lieu dont elle doit redresser la barre. « Il n’avait pas une réputation nickel avant. Il a été racheté par deux associés. Cela était compliqué. Il n’y avait de pas de direction financière, pas de budget. J’ai appris à négocier les prix avec les fournisseurs car chaque centime compte. Avec mes patrons, nous n’avions pas les mêmes visions et nous sommes arrivés à un point où cela n’allait plus… »

Ce qui se traduit par une cessation d’activités.

« La Bourgeoisie, qui possède le bâtiment s’est approchée de moi pour que je reste. J’avais deux ou trois semaines pour me décider. Elle m’a permis de racheter le matériel de mon ancien patron sur deux ans. J’ai réussi à réunir le capital de départ, les 20 000 francs pour une SARL. Et mon chef de cuisine, Fabrice Gangloff qui était avant à l’Hôtel des Vignes d’Uvrier avant d’être dans la première phase de cette aventure, m’a suivie. »

Une année et trois mois plus tard  – le nouveau départ remonte à juillet 2018 –  comme patronne solo, Carole ne cache que son embarcation possède deux rames et qu’elle doit souquer ferme. « D’un côté, c’est un rêve car il n’y a rien de plus génial que de voir des clients contents. De l’autre, la réalité managériale nous fait affronter beaucoup de concurrence. Riddes n’est pas un lieu de passage et certains travaux n’ont pas arrangé son accessibilité. On m’a prévenue qu’il faut deux à cinq ans pour que cela prenne. Pour le moment, je ne me verse pas de salaire. »

 WIR, le coup de pouce

Carole y croit à donf, ne concède rien à la morosité. Dans « son » Bourgeois, elle a même installé son propre piano droit et blanc ! Des signes positifs se pointent à l’horizon.

« Je suis entrée au sein du réseau WIR parce que j’avais eu un très bon contact avec leur représentant. J’ai eu une liste de fournisseurs qui acceptent cette monnaie et ils jouent le jeu, ils viennent aussi au Bourgeois. Il y a eu ici une soirée de réseautage. WIR m’a demandé de poser pour une affiche, je me suis retrouvée à Zurich dans un studio. Je n’ai pas été relookée, les stylistes on trouvé que je devais rester au naturel. Il  est évident que cela est un sacré coup de pouce ! Je me sens extrêmement bien entourée à Riddes. Par La Bourgeoisie, les Compagnons du Caquelon, je figure aussi au Passeport Gourmand… »

 Aux goals jusqu’à la mort

Carole s’accorde un rarissime moment de détente hors de son resto. « Un soir, j’ai eu l’équipe féminine du FC Chamoson qui est venue. Je leur ai dit que j’avais fait du foot à Vétroz durant six ans. Lorsqu’elles sont reparties, j’avais signé sur une nappe un contrat où je m’engageais à tenir les goals du FC Chamoson jusqu’à ma mort. J’ai un entraînement par semaine, plus un match le dimanche. Cela me fait du bien, cela s’apparente, par l’esprit d’équipe au coup de feu au service… » Décidément ! Pour la énième fois, je lui ressors mon regard E.T…

Joël Cerutti

https://lebourgeoisriddes.com/

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