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La plus « célèbre » parmi les photos funis. Elle a fini en première page d’un rapport annuel. Celui de l’Office du Tourisme basé à Sierre…

Durant une dizaine de mois, j’ai gavé mon iPhone et les réseaux sociaux de photos prises lors de mes trajets en funiculaire. Juste pour le plaisir de tes mirettes, j’ai sélectionné celles que j’estimais les plus que meilleures. Cadeau !

Un soir de début août 2015, devant ma voiture accidentée, j’ai compris que j’étais parti pour un Abonnement Général sur une longue période. Sorti de la bulle de mon véhicule individualiste, je me suis jeté dans les aléas des transports en commun. Surtout le funiculaire que j’empruntais presque au quotidien pour descendre depuis Bluche jusqu’en plaine. D’emblée, j’ai décidé que mes déplacements serviraient une démarche « artistique ». Photographier tous les jours mon trajet, surtout le moment où les deux voitures du funi se croisent, est devenu une joyeuse contrainte.

La toute première photo du 9 août 2015. Juste pour dire que j’étais dedans le funi.

Jusqu’en avril 2016, j’ai mitraillé sous tous les angles, avec des bonheurs répétés, mes parcours SMC. Et je te balançais ça sur Facebook avec une régularité de métronome obsessionnel.

Cela a amusé, on m’a vanné, on m’a interrogé si j’étais sponsorisé par le SMC, on m’en parle encore maintenant !

Alors que je traversais une période confuse, le funi m’offrait une constance réparatrice, un fil conducteur. Dans la répétition des courses, mon œil a vite renouvelé les angles, changé ses approches, l’inspiration naissant dans la spontanéité.

J’ai adoré cette contrainte qui m’apportait un espace de liberté créatrice, j’ignorais ce que les quelques minutes futures allaient m’offrir, j’étais réceptif au moment présent, à l’instant. Je me suis passionné pour ce funi.

Quand j’aime, je n’économise jamais mes curiosités prolixes, mes envies de découvertes.

J’ai appris que mon funi reliait Sierre à Crans-Montana depuis le 1 octobre 1911, soit onze ans après que les Chambres fédérales avaient délivré la concession d’exploitation. Un sacré bail qui a permis la récolte les 1,7 millions nécessaires à sa concrétisation. A l’époque, le funi fonctionnait avec quatre voitures – pouvant contenir 40 passagers chacune. Les 4027 mètres du parcours prenaient une bonne heure de voyage, quatre fois moins que par la route, à dos de mulet.

En 1929, avec des moteurs plus puissants, la course ne prenait plus que 31 minutes. Dès 1943, la société s’appelle Sierre-Montana-Crans (SMC) et achète de nouvelles voitures accueillant 65 passagers. Le funi avoue ses sept tonnes, monte à trois mètres seconde. En 1997, un vaste chantier sur sept mois, redistribue les cartes, apporte des voitures de 18 tonnes, qui grimpatouillent à 8 mètres seconde, donc dans les 30 kilomètres à l’heure. Le SMC, c’est un système astucieux de contrepoids et un gros câble principal qui mobilise 1020 poulies.

La chance m’a offert des clichés parfois surprenants, (d)étonnants, que je te sélectionne des entrailles de mon iPhone (et quelques-unes destinées à un reportage paru dans le magazine L’Info prises avec un appareil classique).

J’ai trié. J’ai gardé ce qui me semblait tenir la route avec le recul… C’est juste pour le plaisir de tes rétines avec la seule prétention d’une redécouverte groupée. Prends, c’est cadeau, c’est un peu Noël, c’est la fête aux pixels !

Joël Cerutti

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