Sélectionner une page

 

 

Depuis une décennie, les exactes coordonnées marquant le centre du Valais ont été calculées. Une association souhaite valoriser l’endroit – Gillou, Val d’Anniviers – avec une passerelle en bois local. Détails de la saga et comment lui donner un coup de main.

 

Jusqu’en 2009, ta curiosité se perdait dans l’ignorance. Où se trouvait exactement le centre du Valais ? Que dalle en savais-tu ! Puis le géomètre André Morard s’en est mêlé depuis Ayent. « C’était la première fois qu’on lui demandait ce type de calcul. Depuis, cela a fait école et il a été mandaté par d’autres cantons, comme Fribourg », me révèle Patrick Salamin, président de l’Association pour la valorisation et l’exploitation du Centre d’équilibre du Valais. Que je te résumerai dorénavant par l’acronyme AVECEV.

Comme tu as lu le chapeau de cet article, tu sais que le nombril de notre canton se situe dans le Val d’Anniviers, à 1 870 mètres, au lieu-dit Gillou. En calculs savants qui attestent le sérieux de la chose, cela te donne : E 2’612’813/N1’117’582. Voici une bonne décennie (le 22 juillet 2009), un « totem en bois » surmonté d’une bannière 13 étoiles a marqué physiquement l’endroit. Avec leur régularité trépidante, les années se sont précipitées et je stoppe leur défilement ahurissant à l’automne 2015.

L’équipe de 2009, photo Charly. G. Arbellay… que tu trouves déjà dans le tome 2 du « Valais surprenant et (d)étonnant » où je survolais le sujet.

Une passerelle pour valoriser

L’Association des Commerçants et Artisans de St-Luc (ACA) s’offre le temps d’une réflexion. « Quand on ne sait plus trop quoi vraiment faire, me glisse Patrick Salamin avec un humour typique anniviard, on crée des commissions thématiques. » Et l’une des tempêtes de cerveaux a porté sur la valorisation nombril… qui s’est trouvée soudainement enrichie grâce à l’idée d’une ceinture. En plus clair, le centre Gillou pouvait être valorisé par une superbe passerelle. Une qui t’offre à tes rétines, tes pupilles, tes yeux, tes lunettes, tes verres de contact un panorama que ton cerveau, ton cœur ne sont pas prêts d’oublier.

Ils y croient mordicus à ce concept, l’AVECEV.

Ils se rendent même au Tessin, à Mendrisio, rencontrer l’honorable et réputé architecte Mario Botta. « Il nous a bien reçus, on a bien rigolé, il nous a fait deux ou trois croquis avant de nous dire que cela ne l’intéressait pas… », témoigne Patrick Salamin. Le Maître argumente qu’il ne souhaite pas construire « quelque chose de physique sur du virtuel ». Ce refus tranché d’avril 2016 ne met pas le moral de la commission dans les baskets. Au contraire, cela lui galvanise les semelles.

Via Facebook, l’AVECEV lance un concours qui laisse retomber dans l’escarcelle de St-Luc pas moins de cinq projets. « Il s’agissait vraiment de travaux de grande qualité, très détaillés », observe Patrick Salamin… et tous irréalisables dans une zone forêt. « Nous avons l’expérience, au sein d’une commune, de savoir ce qui peut être fait ou pas, dans des constructions… » Étape ultime et judicieuse l’AVECEV suit certains conseils et trouve les partenaires idéaux en Patrice Dayer (Renaissance Bois – Technopôle, Sierre) et Johann O’Connell (Areal architecture, Sierre). Le tandem imagine sur le papier l’idéale martingale : une passerelle aux formes épurées, simples, elliptique en bois indigène local.

Ingénieux bonus : elle gravite autour du totem de juillet 2009. « Acceptée directement à l’unanimité », résume Patrice Dayer. L’idée, qui ajoute un indéniable pouvoir attractif à St-Luc, se pose dans l’air suspendu du temps. Chez nous, les passerelles séduisent les randonneurs. Celle de Randa, forte de ses 495 mètres et la plus longue du monde, l’atteste. À ce sujet… « Nous avons contacté Charles Kuonen, son responsable, pour prendre conseil au vu de son expérience. » L’impact sur l’environnement de Gillou bénéficie d’une aide surprenante : les données Lidar, de la télédétection par laser. Ces relevés, réalisés par hélicoptère, respectent la précision du millimètre. Inutile d’aller sur place, se fendre de mesures conventionnelles, Lidar les coiffe au poteau. Ce travail dans le cadre d’un brevet fédéral – entrepris par Julien Brunner – indique quels arbres doivent céder leur place à la passerelle dans un respect de l’écosystème.

Il permet de modéliser la pousse des autres arbres dans les vingt prochaines années.

Verdict : un préavis favorable, en août 2017, du Service valaisan des forêts, des cours d’eau et du paysage (qui devrait avoir un acronyme, mais j’ai la flemme de chercher).

Mise à l’enquête et démarches

Dans un réflexe pragmatique qui va t’honorer, je sens que tu bous d’impatience de me demander le coût de la saga. La mise à l’enquête revient dans les 50 – 70 000 francs. Elle tient compte de la globalité des paramètres et des études à envisager : la gestion, la promotion, la géologie, l’ingénierie, la sécurité, la promotion et le plan de financement. Fin 2019, ce labeur sera présenté aux instances concernées. La collaboration avec les ONG liées à l’environnement tombe sous le sens. La passerelle en tant que telle, pour surplomber concrètement le centre du Valais, dépasse le bon million de nos francs. « Oui, on parle là de plusieurs zéros. Pour y arriver, nous avons élargi le comité avec des personnalités comme Dominique Rouvinez ou Gerhard Constantin, qu’ils nous apportent leurs réseaux pour nous donner un coup de main… » D’autres approches entreprises, politiques et à un plus haut niveau, ont trouvé de justes interlocuteurs (dont la grand-mère de l’un est originaire de St-Luc). Ils sortiront du bois de Gillou lorsque la mise à l’enquête sera acceptée.

Les initiateurs, au vu des garanties et des approches posées, collectent encore des fonds via une souscription sur leur site. À leur connaissance, il s’agit de la seule construction du genre au monde. Cela serait bêta de rater ça, non ?

Joël Cerutti

Site: http://www.centre-du-valais.ch/association/

PS: si cela te captive, sache que le plus haut point du Valais (et de la Suisse!) se perche au somment de la pointe Dufour, 4634 mètres. Comme la base de la pointe repose en Italie, tu peux te rabattre sur le Dom des Mischabel, totalement outre en ça chez nous, avec 4545 mètres. L’altitude valaisanne la plus basse se fixe à 372 mètres, au bord du Léman. Des données extirpées de l’Office fédéral de la statistique.

PPS: https://www.valais.ch/fr/activites/randonnee/passerelles/passerelle-charles-kuonen

Tu pourrais aussi aimer (côté hauteur):

Alpinte : le sommet du Cervin au fond du verre à bière