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Le cep date de 1798. Il ne vit pas chez ses parents mais il est planté devant la galerie d’art tenue par Graziosa Giger à Loèche. Il a donné lieu à une idée géniale, en termes d’image viticole : les cuvées Vitis Antiqua 1798. Dégustation, le 9 novembre 2019, du millésime 2018.

 

Qu’est-ce que tu faisais, durant 1798, lors d’une de tes vies antérieures en Valais ? (N’essaie pas de dégager en touche, un Valaisan ne se réincarne qu’en Valais, ton karma indécrottablement 13 étoiles l’atteste !) C’est une année où ça barde, 1798. Le « Bas-Vallais » s’acoquine avec la nouvelle République française, porte la cocarde verte, s’affranchit de la tutelle du Haut-Valais et plante des arbres de la liberté.

Dans le Haut-Valais, à Loèche, devant la maison Allet, les proprios d’alors plantent en 1798, un modeste cep. Il s’agit d’un Landroter, un Rouge du Pays, un Cornalin (baptisé ainsi depuis 1972). Le cep grandit, devient treille au long des décennies qui évoluent en siècles.

La Treille, le 9 novembre, genre 20 h 30.

Entre-temps, le Rouge du Pays passe de mauvais quarts d’heure. Délaissé parce qu’exigeant à la culture, handicapé par des rendements pas terribles à cause de sa sensibilité, il est abandonné comme un Johnny. Pas mouru mais presque. Il reprend de la feuille de cep (du poil de la bête version vendanges) fin des années huitante.

Vitis Antiqua dès 2000

En 1999, la treille de Loèche affiche 200 et 1 ans, six vignerons récupèrent sa singularité. Elle continue à s’embellir, collé à la maison qui appartient à la famille Giger, et où Graziosa tient une galerie d’art. Ils fondent l’année suivante l’association Vitis Antiqua 1798.

La Treille en mai 2012.

Gros plan sur la bête.

Dans une mentalité qui modifie l’exigence en méticulosité, ils mandatent deux instituts de recherches. Les analyses jurent sur la Bible de la Science que Loèche possède bien la plus vieille vigne vivante de Suisse : 1798, ce ne sont pas de piètres arguties touristiques. Quand on est vivant, on se reproduit : de la vieille treille, on tire mille barbus, des boutures qui poussent dans un jardin-mère. Nos vignerons plantent les greffes de 1798 dans quatre parcelles respectives. Dès 2004, après une vendange commune, paraît l’enfant de la première bouteille Vitas Antiqua.

Des millésimes qui savent ce qu’est le packaging.

La production alors modeste atteint les 200 exemplaires, avec une étiquette signée par l’artiste Gabriele Fettolini. Depuis, les cuvées varient entre 1 300 et 3 000 bouteilles. Chaque millésime est confié, dans son emballage, à un.e peintre différent.e. sélectionné.e par Graziosa Giger. Le samedi 9 novembre 2019, la production 2018, vernie et dégustée officiellement, s’enrichissait d’une création de Christine Mühlberger. En 2021, l’insigne honneur reviendra à un certain Gustave Cerutti, géniteur du ci-présent. Ce qui pourrait expliquer nos présences sur place.

En version coffret, avec d’autres bouteilles locales, des publications, un DVD et des recettes de 1798.

Tu calcules aussi bien que moi.

De 1999 à 2019, l’idée fête ses vingt ans. De 2004 à 2019, la première cuvée célèbre ses 15 ans. Un livre devrait sortir l’an prochain autour de cette aventure… En plus, le Vitis Antiqua 1798 assure plus qu’un brin côté présence du ton palais. C’est du brutalement bon, du qui te dit qu’il est là et bien là. Je te laisse avec un spécialiste qui a les mots pour en causer, lui… Il revient même à la notion de vin de garde!

Joël Cerutti

PS : cet article complète la page 205 du « Valais surprenant et (d)étonnant », tome I, sorti aux Éditions Slatkine en 2013.

http://www.vitisantiqua1798.ch/fr

https://www.galleriagraziosagiger.ch/?site=Projekte&was=VitisAntiqua&pic=1

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